Mettons quelques points sur quelques "i" : je tenais à écrire ici (et répéter à l'envi à qui veut bien l'entendre) que même avec la meilleure volonté du monde, je ne comprends absolument pas toutes ces querelles, ces joutes verbales, ces verbiages, ces prises de bec, ces vociférations, et autres commentaires dont tout à chacun croit bon de se fendre (y compris moi-même, c’est dire l’ampleur du désastre) autour du Da Vinci Code...
Je ne vois pas le but, ni d'un côté ni de l'autre, de tout ce tapage médiatique, de tout ce boucan marketing, sinon d'utiliser une “oeuvre” pour se faire de la publicité gratis. Oui, j’admets que cela a du lui demander quelques heures de boulot au Brownie pour nous pondre ces 800 pages ; et je reconnais au moins ça : le temps et les efforts passés - pour le reste, certes c'est dépaysant et prenant, mais ça vole un peu au ras des pâquerettes. J'en parle avec d'autant plus de détachement que je l'avais lu en anglais, ce livre, avant que tout cela ne vire au phénomène de foire et ne dérape tout à fait. Et j'avais bien aimé, merci.
Mais remettons les choses à leur place : ce n'est rien de plus qu'un roman un tantinet imaginatif, une fiction bien troussée qui repose sur des bribes de réalité et pas mal de supputations, pour ne pas dire d’absurdités, mais ça ne reste, pour moi, qu'un divertissement. De plus, utiliser le fait que le Brownie ait mis en exergue de son livre que “tout est vrai” pour ensuite le villipender, c'est y aller un peu fort de café, voire relever d'une certaine malhonnêteté intellectuelle : Jonathan Swift, lorsqu'il fit paraître Gulliver's Travels, utilisa le même procédé, qui est monnaie courante en littérature... Exemple qui me vient comme ça, il y en a pléthore...
Je trouve du reste que ceux qui prennent partie d'un côté comme de l'autre, en exagérant tout et en feignant d'ignorer que l'on parle d'un livre (et jusqu'à preuve du contraire on a encore le droit d'écrire ce que l'on veut, non, ça s'appelle Liberté d’Expression), et bien ces gens font preuve à mon sens d'un défaut d'honnêteté intellectuelle, justement. Un peu de bon sens, que Diable (woooops, ça m’a échappé), ne nous faisons pas Hayatollahs, ce genre de penchant se laisse vite caresser si l'on n'y prend garde... Souvenez-vous de certains incendies d'églises au moment du film de Scorcese La Dernière Tentation du Christ.
Pour parler un peu littérature, si vous aimez les thrillers historiques, jetez-vous ardemment sur Le Pendule de Foucault de Umberto Eco, ou sur Le Nom de la Rose du même auteur ; vous m'en direz des nouvelles, et vous verrez la différence !
Au Royaume des Aveugles, les Brown sont Rois (copyright N!KO)
Ensuite, chacun est libre (bordel) de voir ou de ne pas voir, de lire ou de ne pas lire telle ou telle oeuvre, sans jeter aucune anathème ou aucun oprobre sur ceux qui ont le mauvais goût de ne pas penser comme eux, non ? Ou serais-je trop naïf ?
Voilá, un ch'ti coup de gueule, mais ça fait du bien par où ça passe Bon Dieu (re-wooooops) ! Je n’ai bien évidemment rien contre vous, chers lecteurs, que vous eussiez lu ou pas ce fameux bouquin d'ailleurs, mais j’en aurais plutôt contre une lente déliquescence du bon sens et de l'intelligence, contre une disparition progressive et quasiment indétectable de la retenue et du recul dans ce pays. Ou devrais-je dire dans nos sociétés déclinantes - faute à qui, à quoi ? A la culture de masse (lire l'abêtissement de masse) ? Alors oui, j’exige un sursaut, je demande un réveil, j’implore un peu de réflexion... C’est trop demander ? Finalement je crois que je ferais mieux de me laver les mains de tout cela, sinon ça risque de tourner au calvaire.