En ce 12 décembre 2005, il règne un petit air de fête au Café des Lettres. Prémisses de Noël. La soirée est toujours aussi conviviale, le Glug coule à flot, et les filles sont toujours aussi blondes et jolies. Comme j'arrive en droite ligne de chez moi, je retrouve ma tante à l’entrée du Café, elle a déjà goûté au vin chaud, et nous discutons des prochaines fêtes de Noël familiales que nous passerons dans les environs de Nevers. Au stand où est servi le vin chaud, je me saisis de quelques biscuits à la cannelle (autre spécialité locale à savourer sans modération celle-ci), et je déguste avec délectation mon petit gobelet de vin chaud, façon Sangria nordique. Il y a beaucoup de monde, et la petite cour intérieure du Café se remplit à vitesse grand V.
M’étant légèrement égaré en route, j’avais demandé mon chemin à un homme charmant qui se trouvait aller également chez les suédois, et Bernadette suppute, en me voyant arriver en sa compagnie, que nous nous connaissons ; mais non, nous avions simplement bavardé en route, et nous nous séparons à l’entrée du Café en nous souhaitant mutuellement une bonne soirée.
Bientôt, le fameux chœur de Sainte-Lucie fait son apparition, les filles tenant une bougie à la main, les garçons étant coiffés d’un seyant chapeau pointu décoré d’étoiles, et tout ce beau monde étant habillé de blanc. Une fille tient le rôle de Sainte-Lucie, et est couronnée de ce fait de bougies allumées. Ils chantent merveilleusement bien, et nous sommes rapidement plongés dans une ambiance unique, faite de convivialité et de chaleur humaine - certes le vin chaud y est sans doute pour beaucoup dans l’affaire…
Sous les applaudissements nourris, les choristes enchaînent les chants, dont la quasi intégralité est en langue suédoise. A un certain moment, les garçons exhibent au beau milieu d’une chanson, et de façon assez comique un CD enregistré préalablement par la petite troupe. En parlant de mise en scène, je ne peux passer sous silence la neige artificielle qui tombe par rafales et à intervalle régulier, et qui constitue certainement le clou de la soirée, et en tous les cas un moment attendu par tous. Nos vêtements et nos cheveux se retrouvent parsemés de petits flocons blancs mousseux, et comme par magie le vent se lève justement avant chaque envoi de neige carbonique. Ceci dit, la température est relativement clémente ce soir – certes le vin chaud qui semble couler de façon illimité y est sans doute pour beaucoup dans l’histoire…
A la fin du tour de chant, les choristes rejoignent leur vestiaire improvisé dans une aile inutilisée du bâtiment, et des applaudissements soutenus les accompagnent. Belle soirée qui tire malheureusement déjà à sa fin... Nous ne sommes pas restés très longtemps, mais cela valait le coup, ne serait-ce que pour l’atmosphère unique qui se dégage de ce moment magique : décoration de Noël, neige à gogo, vin chaud en abondance, chants angéliques, convivialité à tous les étages… Bernadette et moi nous disons au revoir, et je rentre (après avoir récupéré un dernier verre de potion magique, hé, hé) par le RER C que je prends à la station Musée d’Orsay. Il fait soudain plus froid dehors, et le vent souffle désormais à une vitesse appréciable. Les effets du Glug n’estompent pas tout à fait l’impression de froid hivernal qui me saisit en chemin. Ancienne gare d’Orsay illuminée, parvis absolument désert en cette belle nuit de décembre. A l’année prochaine, chère Sainte-Lucie…