Dimanche 11 décembre 2005. Quelques mots pour un compte rendu rapide de mon week-end, qui fut fort intéressant et riche de sensations diverses. Deux moments forts à signaler : tout d’abord samedi soir, je fus invité par deux amies à les rejoindre pour assister à un concert d’une artiste polonaise extraordinaire, Aldona (voir ses photos ci-contre), dans un café-concert des environs du Métro Château Rouge, dans un quartier haut en couleur, si je puis dire. Et puis ce dimanche, sortie solitaire dans le froid – mais sous un grand soleil – pour aller jeter un œil aux expositions du musée Carnavalet, dans le Marais. On le voit, donc, deux lieux très différents qui, ma foi, illustrent bien deux penchants coexistants et naturels en moi : d’une part un côté assez populaire et absolument jeune dans l’esprit – cet aspect étudiant attardé me plait bien, sans doute parce que je n’ai pas pleinement profité de mes années étudiantes - dans des conditions rudimentaires mais avec une forte chaleur humaine ; d’autre part un côté plus classieux, presque bourgeois, avec cette visite au Marais, endroit que je fus content de retrouver avec ses kyrielles de boutiques chic et sa bienheureuse population de bobos en goguette. C’est ce côté chic et snob que j’ai pas mal exploité lorsque je sortais en compagnie de mes ex compagnons de l’Armée de l’Air, dans des endroits branchés et onéreux et m’as-tu-vu tels que le Bermuda Onion, l’Hôtel Costes, le Sir Winston, le China Club et j’en passe (et, me dois-je d’ajouter, à titre personnel et en bonne compagnie, au Man Ray et au Buddha Bar, dont je garde des souvenirs émus…) Mais je m’égare, comme toujours !
Revenons à ce dimanche après-midi : la visite au musée Carnavalet m’a permis de me plonger dans l’ambiance du Paris des années 50 à 70, au travers de splendides photographies réalisées par 3 photographes humanistes. Je suis resté littéralement scotché par certains clichés, qui m’ont happé et qui m’ont entraîné dans des scènes de rues de l’après-guerre, dans des coins familiers qui ont diablement changé depuis ces années-là, et que je ne connais que sous leurs atours contemporains. J’adore la photographie, en tant que c’est un moyen d’une efficacité redoutable et inégalée (du moins pour ce qui me concerne) de se projeter en arrière dans le temps et de côtoyer pour un moment les personnages qui ont vécu, aimé, travaillé il y a 50, 40, 30 ans… Ces gens sont comme vous, comme moi, à la différence près qu’ils ont vécu à une époque foncièrement dissemblable, avec des techniques, des mentalités, des peurs diverses, mais avec un point commun intrinsèque avec le visiteur qui reste ébaubi devant des clichés en noir et blanc datant d’une autre époque : ils furent tout aussi humains que lui. Cette réflexion donne un aspect vertigineux à toute expo photo témoignant d’un passé révolu et dans laquelle je me trouve ; je m’embarque immédiatement pour l’aventure intérieure qui consiste à entrer en relation avec ces gens disparus, avec leurs craintes, leurs joies, leur environnement… Et puis, en l’occurrence ici, il y a Paris. Paris que j’aime profondément. Paris dont la vision sur tirages photographiques, aussi parcellaire et morcelée fut-elle, me rempli systématiquement d’émotion. Donc j’ai vraiment apprécié cette visite, et puis ensuite j’ai laissé mes pas me conduire dans les autres salles, où sont présentés des objets usuels des parisiens, de la préhistoire à la révolution, disons. Là encore, je suis resté en admiration méditative devant telle assiette datant de 1789, devant telle sculpture de la Bastille réalisée à partir d’un vrai bloc de pierre dudit édifice, devant des prie-dieu rouge usés mais indubitablement authentiques… A chaque fois j’imaginais les artistes créant ces objets, ou les hommes les utilisant sans se douter que 300 ans après leur mort quelqu’un les ausculpterait visuellement dans un musée… Moi, cette idée me sidère proprement… C’est comme d’imaginer que le clavier sur lequel je tape ce texte pourrait être exposé en l’an 2316 dans un musée présentant des artéfacts du XXIème siècle ! Du coup, je suis sorti assez épuisé du musée Carnavalet, dans la pénombrede la nuit automnale de Paris. Je me suis réfugié dans un café à la chaleur accueillante et y ai bu une noisette bien venue pour me remettre de mes émotions.
Mais passons maintenant à la soirée de ce samedi 10 décembre 2005 à l'OLYMPIC CAFE. J’y fus cordialement invité par deux amies, Laurence et Bernadette, cette dernière étant animatrice kinésithérapeute dans l’association que je préside (disons à titre quasi honorifique), et qui se nomme Oser Être (voir le lien suivant : http://www.oser-etre.info) ; l’objet de notre rencontre, très amicale et chaleureuse, était d’écouter une artiste que nous savions être slave et que nous découvririons polonaise (à ma grande surprise et joie), et qui se prénomme Aldona. Bon, avant le concert proprement dit, nous bûmes un verre de bière à une table qui s’était providentiellement libérée, tout en discutant de choses et d’autres. Le concert devait débuter à 21h00, mais il n’a finalement commencé que sur le coup de 21h30. Nous descendîmes dans une petite salle au sous-sol de l'Olympic Café, prîmes des chaises que nous installâmes en rangée et sur lesquelles nous nous juchâmes en attendant que les choses sérieuses commencent. Cela fut le cas quelque cinq minutes plus tard ; les musicos étaient là, bientôt rejoints par Doña Aldona soi-même. Et j’ai immédiatement été conquis par cette musique magnifique d’émotions exacerbées, aux accents slaves ; je fus emporté sur le champ par la personnalité virevoltante et pleine d’humour de la chanteuse-comédienne-musicienne ci-dessus nommée. Je vous invite en passant à découvrir son SITE WEB, bien conçu et dans lequel une poignée d’extraits musicaux sont proposés – vous vous ferez donc vous-même une idée. Le concert de samedi soir a duré presque 3 heures, de 21h30 à 00h30 grosso modo, coupé par un petit interlude d’une quinzaine de minutes. Quel spectacle, mais quel spectacle ! Les musiciens, au nombre de 5 (y compris Miss Aldona, qui officia ce soir-là au chant expressif, à la guitare acoustique, à l’accordéon vibrant d’émotion et au vibraphone aux sonorités cristallines) nous ont donné le meilleur d’eux-mêmes et m’ont personnellement bluffé par leur maîtrise et surtout leur sensibilité, au diapason de celle de Doña Aldona, sous lecharme de laquelle, je dois bien le dire, je suis tombé. J’ai acheté un CD de 5 titres nouveaux, qui furent du reste tous joués ce samedi. Un des titres reprend un sonnet de mon vieil ami Bill Shakespeare, et un autre morceau est une mise en musique d’un autre poème issu d'une autre vieille connaissance : Emily Dickinson cette fois. De grands moments. De retour chez moi, j’ai immédiatement enfourné la précieuse galette argentée dans mon Marantz CD-17, et j’ai replongé illico dans l’ambiance du show très chaud de ce groupe que je suivrai dorénavant avec beaucoup d’attention. Ecoute du CD assortie de dégustation d’une splendide vodka caramel dont j’avais fait l’acquisition non préméditée mais fort providentielle l’après-midi même au Monoprix du coin.
Mais revenons à cette soirée à marquer d’une pierre blanche. A l’issue, mes amies et votre serviteur (qui fut le leur en ce samedi soir) sortons du café, il est quasiment minuit trente, et nous rejoignons d’un bon pas nos Métros respectifs ; je m’engouffre pour ma part dans la bouche de la station Barbès. Comme je m’en doutais, j’arrive juste à temps àpour voir arriver le dernier Métro de la ligne 6, qui est malheureusement terminus à la station Charles-de-Gaulle. J’en serai donc pour une ch’tite marche à pied ; je prends donc mon courage à deux mains, à défaut de prendre mes jambes à mon coup, et je m’apprête à regagner mes pénates dans la nuit parisienne. J’ai déjà fait cela quelques fois, j’ai conséquemment une certaine habitude de la chose, et je garde toujours en ligne de mire, tel un vieux loup de mer accoutumé à la navigation sans instruments, ma Tour Eiffel illuminée qui fait encore une fois office de phare pour moi cette nuit ; elle évite que je ne m'échoue dans quelque lieu de perdition ou que je ne m'égare dans quelque cul-de-sac mal famé... Je me fie aveuglément à sa lumière tournoyante et à ses scintillements amis, et en une petite demi-heure je suis rendu à la maison où m’attend mon chat bien-aimé et une bouteille de vodka (bien aimée aussi, oui.) Cela ne m’aura pris que deux fois plus de temps que si j’avais utilisé le Métro, ce qui est absolument acceptable, d’autant que j’ai chantonné non stop et in petto durant mon trajet pédestre quelques titres choisis entendus ce soir, ce qui me l’a rendu d’autant plus supportable et bref…. Mais je suis fort bienheureux d’être enfin arrivé pour pouvoir lancer l’écoute du CD par moi acheté quelques heures auparavant. Rhââââ, lovely !! Je file rejoindre les bras de Morphée vers 2h30 du matin, la tête encore pleine des accords slaves de ma Miss Aldona. Le prochain concert est le 14 janvier au Divan du Monde. J’y serai !