Starship Troopers. J’ai revu tout récemment ce film que je possède toujours au format LaserDisc (vous vous rappelez, ces grands disques dorés, précurseurs des DVD ?) mais que je n’avais pas visionné depuis un bon bout de temps… À mon humble avis, ce film est l’un des meilleurs de Paul Verhoeven. Paul Qui ?? Mais si, vous savez bien, le réa de Basic Instinct et Total Recall, deux excellentissimes métrages qui ont aussi deux mots à vous dire ! Bref, le réalisateur néerlandais enragé nous livre là un opus engagé, à moins que ce ne soit le contraire… Alors, quid de Starship Troopers ?
C’est une sorte de fresque cinématographique guerrière qui s’étale sur plusieurs mois, et qui narre l’histoire d’un groupe d’amis étudiants qui, leurs études achevées, se retrouvent pris dans les tourments de la vie et dans les affres d’un conflit intergalactique entre l’humanité et une race d’extra-terrestres arachnides - rien que ça ! Bien évidemment, les Hommes, sûrs de leur force et de leur toute-puissance, sous-estiment tragiquement la combativité des méchantes bestioles, subissent des pertes inimaginables, et apprennent à leurs dépends qu’ils ne sont pas les seuls êtres doués d’intelligence dans l’Univers. Ça, c'est pour le côté Parabole. Mais, pour terrible et mortifère qu’elle soit, et en dépit des personnages principaux que l’on voit mourir les uns après les autres (tel un soldat voyant ses camarades tomber), l’histoire ne se termine pas trop mal puisque les Hommes finissent par capturer la Bestiole-en-Chef, la dissèquent, et en apprennent davantage sur son intelligence. Ça, c'est pour le côté holywoodien !
Ce film est beaucoup plus qu’un énième blockbuster américain ; n’oublions pas que c’est Paul Verhoeven qui est aux commandes de cette machine de guerre. Le scénario démonte avec efficacité les ressorts de l’amitié, de la camaraderie, de la douleur physique et morale, de l’amour gagné, de l’amour perdu, de la souffrance et de la séparation. Oui, prise entre deux lamelles, c’est bien l’âme humaine qui se trouve analysée, disséquée… Et l’on y trouve le pire comme le meilleur. Cette fresque représente une sorte de parcours initiatique pour le beau héros (un brin décérébré) engagé dans l’Infanterie, rare survivant de ce jeu de massacre allègrement orchestré, et assez impressionnant, il faut le dire. Les effets spéciaux (qui sont loin d’être spécieux), notamment, sont absolument ahurissants, véritablement jouissifs. Ce film est une fable picaresque faite de chair (le plus souvent carbonisée) et de sang (le plus souvent giclant), de rires et de larmes, de bravoure héroïque comme de valses hésitations. Donc, modulo le contexte de science-fiction (utile néanmoins pour toucher le plus grand nombre) et d’ambiance apocalyptique, chacun peut se retrouver peu ou prou dans ce récit enlevé, et mené de main de maître par notre néerlandais enragé. Peu d’acteurs connus, mais c’est aussi bien comme ça. Ils peuvent sur-jouer et s’amuser avec les stéréotypes. L’atmosphère parfois à la limite du grand-guignolesque accentue le côté mordant, décalé et ironique de l’affaire ; la vision que Paul Verhoeven porte sur ses semblables congénères est un brin cynique, sans concession, brute de décoffrage. Notre Humanité si sûre d’elle-même, est pourtant si insignifiante et misérable, perdue dans cet Univers sans limite, menaçant et retors…
En revoyant le film, je me suis aussi rendu compte que, pour Verhoeven comme pour moi-même, ce qui caractérise l’Humain, c’est certainement l’empathie, la bonté, la générosité et la grandeur d’âme. C’est en plaçant les Hommes face à des arachnides dénués d’émotion apparente que la force émotionnelle de l’humanité apparaît dans toute sa beauté et sa splendeur. C’est en faisant face à un danger qui les dépasse qu’ils ont retrouvé leur statut d’être humain. Ce film, sous des apparences de divertissement, nous fait prendre conscience de quelque chose que l’on oublie trop facilement : nous sommes tous frères, avec les mêmes peurs au ventre et les mêmes instincts basiques…
Commentaires
Pour moi, les meilleurs films de Paul Verhoeven sont ceux qu'il a fait avec Rutger Hauer (comme "La chair et le sang").