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RETOUR sur OBOK...

f689a8c204d41c2069f841738a9ef842.jpgJe ré-écoute OBOK, le dernier CD de Manset. Je ne m'en lasse pas... Rhâââ ! Fauvette, c'est long, fatiguant, malsain, boueux, interlope, urbain mais pas policé, expressif et agressif, mais rentré ; pour moi ce titre fait naître une foultitude d'images, il est très évocateur. C'est un titre visuellement très impressionniste et musicalement très impressionnant : Hop, une petite touche de bleu, Hop, une petite touche de blanc, Hop des ch'tites loupiotes multicolores, et surtout des métaphores uniques. Ce “chacal en manque d’amour qui lève une charogne”, il faut le faire, les arbres tout blanc qui ressemblent à des cigognes hautes perchées, il fallait le trouver... Mais, s’il est expressif, c'est peut-être quand même aussi le titre le plus dépressif du CD. Manset explore l'âme humaine, sans vraiment juger, juste pour dire : nous sommes ainsi - et ce n’est pas toujours beau à voir. Sinon, au niveau de l'ambiance, ça me fait penser (mais en très différent) à Banlieue Nord, voire à Camion Bâché, pour les évocations et la poésie. Et puis ce titre, c'est une étude sociologique à lui tout seul !

La Voie Royale, dernier morceau du CD : Rhâââ, le passage où Manset reprend la phrase "Mais tout ne l'est-il pas ?", avec sa voix de basse, pour évoquer la vacuité de toute chose, et donner à ce magnifique titre une coloration Bouddhiste qui me touche, forcément...

6021ca5a2f10998c82491328cabb941b.jpgManset, éternel grand voyageur, photographe, écrivain (je viens de terminer la lecture de son dernier roman, Les Petites Bottes Vertes, pas mal du tout, dans lequel il se livre sans fard et reviens sur l'époque bénie de son Studio de Milan), a beaucoup voyagé en Asie, mais OBOK évoque, une fois n'est pas coutume, l'Afrique ; Enfant Soldat, superbe chanson sur les gamins embrigadés de force pour servir de chair à canon dans les milices africaines... Obok, magnifique titre qui fait le parallèle entre les collines du continent noir et la colline de Saint-Cloud - on ne se refait pas ! Cet Obok est du reste mal orthographié puisque le véritable Obock s'écrit bel et bien Obock. Je vous laisse chercher où cette ville se situe ! Licence poétique ; OBOK, comme une réminiscence du UBIK de Phillip K. Dick, comme un vague écho à une ville réelle qui se délite, qui se décompose jusque dans sa graphie... Manset, qui n'a pas fait un seul concert en 30 ans de carrière, et qui cache soigneusement son visage - lui, qui prend moult clichés de visages d'enfants, de femmes de l'autre bout du monde, ne se laisse pas photographier comme cela ; j'ai tout de même réussi à mettre la main sur cette photo le représentant en grand Manitou des studios d'enregistrement, lui qui produisit William Sheller, Herbert Léonard, René Joly et tutti quanti, à l'époque du fameux Studio de Milan... 

531b38e91dc71d154ee544ebfef31684.jpgDans cette dernière livraison (mais on sait que l'animal Manset a toujours un ou deux albums tout prêts dans ses cartons) pas mal de petites choses (telles des inflexions de voix, des arrangements, des phrasés de guitare) me rappellent ses chansons précédentes, mais je le vois personnellement plus comme des clins d’œil et aussi comme la résultante du sillon qui se creuse, que comme de l’auto-plagiat. J'avais déjà eu peu ou prou cette impression avec le Langage Oublié, l'album du retour aux sources, il y deux ans. Et puis les chansons de Manset se sont toujours plus ou moins répondues, vu que ses thèmes de prédilections ne changent guère. Curieusement, et peut-être n'est-ce pas un zazard, ces références ont pour objet des chansons mises au pilon, si bien que pour une oreille neuve l’impression qui se dégagera de OBOK sera fatalement différent de celle produite par un connaisseur. Je pense que, consciemment ou non, il envoie des signaux aux vieux marins que sont ses fans de la première heure, il refait briller des vieilles étoiles que l'on croyait éteintes, il remet en route un ancestral phare, comme un clin d’œil réservé aux initiés... Il n'est d’ailleurs guère étonnant que Manset nous livre un petit fascicule en cadeau bonus de son OBOK (édition limitée qui ne m'a pas échappée, bien évidemment), si l'on considére que ‘OBOK’ est justement l'anagramme de ‘BOOK’ ! M'enfin, les exégèses à base d'anagrammes ont leur limite : l'anagramme de "Pablo Picasso" n'est-elle pas "Pascal Obispo" ??

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