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quand j'étais chanteur

  • Quand j'étais (en)Chanteur...

    Quand j'étais Chanteur.
     
    Je viens de finir de regarder (et d'enregistrer) sur Canal+ ce film que j'avais déjà vu deux fois au cinéma lors de sa sortie. J'y ai retrouvé des choses que je n'avais pas vues les deux premières fois... et pour cause. Et je ré-écoute Christophe, omniprésent dans le film. Je ré-écoute Les Paradis Perdus, qui n'a jamais sonné aussi nostalgique ni aussi désespéré... et qui n'aura jamais aussi bien porté son nom...
     
    "Peut-être un beau jour voudras-tu / Retrouver avec moi les Paradis perdus ?" - Je sais que ces Paradis-ci sont perdus à tout jamais. Je ne me fais plus pas d'illusion. Mais comment ne pas soufrir de ces trous béants qui s'ouvrent, du sentiment de perte, diablement irrémédiable ? Dans le film, à la fin, Depardieu et de France se retrouvent dans un café pour se dire adieu, se dire leurs maux au-delà des mots, tirer le signal des larmes ; larmes muettes, qui coulent, silencieuses, et qui disent tout. Qui disent plus que tous les mots du monde.  Qui disent en creux tout l'amour que chacun éprouve et qui pourtant va disparaitre, de façon irréparable ; douleur absolue de voir filer entre ses doigts le bonheur, de le laisser filer comme on7c408fcf86608f7f9de0305898fa7ff5.jpg laisse filer les mains auxquelles on s'accroche encore, avant que l'heure ne tourne comme tourne la roue de la vie, et avant que l'or ne se transforme en plomb. Et bien évidemment, cela m'a  ramené quelques mois en arrière, cela m'a rappelé un certain café et une certaine soirée de fin juin au cours de laquelle moi aussi je laissai couler des larmes qui voulaient dire plus que tout ça encore, et au cours de laquelle tout mon or s'est soudainement transmuté en plomb.
     
    "Dans ma veste de soie rose / Je déambule morose" - Comment ne pas soufrir à cette pensée : ce qui fut n'est plus. Comment ne pas s'en vouloir de ne pas avoir pas vu s'ouvrir cette fracture, et de rester absolument impuissant à essayer de la réduire ? Et comment, dans ce film, ne pas se laisser toucher par ces scènes d'une justesse inouïe, qui sont réminiscentes d'autant d'instants de vie, d'autant de moments vécus, de bribes d'éternité qui semblent maintenant si lointaines. Et si proches. Comment peut-on toucher du doigt le bonheur, le vivre pleinement et se retrouver un beau sale matin seul, seul au monde, seul immonde, à pleurer toutes les larmes de son corps comme un enfant perdu, sans que l'on sache exactement d'où ces flots peuvent provenir (des limbes inconscientes d'une enfance vécue comme un rêve ?), et sans ne penser à rien d'autre qu'à Celle à qui l'on s'était lié, tendrement, patiemment, amoureusement, et qu'à ce à quoi on s'était attaché et qui disparait en un clin d'oeil ? Tout ce monde nouveau qui se délite, ce conte de fée qui se défait, cet Eldorado trop brillant peut-être, tout cela s'écroule en une fraction de seconde et vous laisse désemparé, abassourdi, ébahi et ahuri... Tout est dans l'attachement, bien sûr.
     
    "Dandy un peu maudit, un peu vieilli / Dans ce luxe qui s'effondre / te souviens-tu quand je chantais ?" Oui, autant ce film m'avait touché à l'époque de sa sortie, autant il me bouleverse à présent, et pourtant je m'étais dit : ne regarde pas ça, ça va te déprimer à tous les coups." Les coups ont porté. Et à ce jeu-là, à tous les coups on perd.
     
    Quand j'étais Enchanteur...