Tiens, ça faisait longtemps (sans jeu de mots) que je n'avais pas causé musique Paris-ci... Ce soir je suis à la maison, cool, me remettant des excès de la veille, et écoutant (ou plutôt regardant) un excellent concert de Louis Bertignac, dans une formation resserrée typique, que l'on nomme le Power Trio. Les Power Trio de légende sont nombreux, je citerais l'emblématique Cream (avec Clapton y officiant à la guitare) ou bien le groupe de Jimi Hendrix, par exemple. J'ai eu l'occasion d'assister à pas mal de concerts de Bertignac (Olympia, Zénith...) et c'est toujours un plaisir de voir jouer un mec qui prend son pied à délivrer des soli au poil, qui se donne à 100% sur scène, qui joue des versions dantesques de titres qui n'ont plus rien à voir avec les versions proprettes enregistrées en Studio, et qui est en plus d'une humanité sincère. Bref, un Artiste - oui, avec un grand A.
Il y a quelques pépites dans ce DVD pêchu. Cendrillon, dans sa magnifique version longue. Des titres plus agressifs issus du magnifique dernier album du grand Louis, Longtemps. Louis y est plus en forme que jamais, à 52 ans, et son jeu de guitare est proprement hallucinant. La formule Power Trio laisse libre court à l'improvisation, et à ce petit jeu, notre grand Louis excelle. Autant musicalement qu'au niveau des appartés qu'il livre au public entre deux morceaux. J'ai Rendez-vous là-haut, par exemple, se termine par une sorte de jam improbable (mais rien à voir avec la confiture ; pour rester dans le domaine culinaire, on traduira plutôt par... boeuf), avec le bassiste et le batteur qui s'en donnent à coeur joie ; Louis canalise ses deux acolytes avec des soli à tomber par terre, et un harmonica à couper le souffle. Il reprend des titres presque historiques de Téléphone, tel que Ça c'est vraiment Toi, à l'énergie folle... Bien évidemment, Louis joue sur sa célèbre Gibson Junior de 1963, au son exceptionnel, et qui a tellement vécue qu'elle a été rapiècée à de nombreuses reprises... Il faut écouter ce concert pour connaitre les frissons du son unique de cette gratte miraculeuse... De toutes les façons, une Gibson sera toujours une Gibson... Louis se laisse aller à des petites reprises sympathiques (Start Me Up, Blue Suede Shoes...) qui dynamisent et personnalisent le concert. Les chansons d'anthologie du concert ? Oubliez-moi , Vas-y guitare, À coeur Ouvert, Je Joue et tant d'autres... et bien sûr Cendrillon !
Les concerts. Le DVD comprend en réalité deux concerts, l'un filmé à Bandol en août 2006 et l'autre enregistré au Zénith de Paris en avril 2006, donnant à voir (et à entendre) deux facettes de la tournée Longtemps, et permettant aussi, d'ailleurs, de comparer les versions des chansons et de juger de l'évolution musicale du groupe... Vous l'aurez compris, j'adore Bertignac, jamais davantage que lorsqu'il donne tout de lui devant un public qui sait qu'il en aura pour son argent. J'ai préféré le concert de Paris, plus énergique me semble-t-il, peut-être plus porteur pour ce Power Trio qui joue comme un seul homme... Et puis Louis Bertignac est tout de même tombé dans le rock et le blues quand il était petit, et la formule du Power Trio se rapproche pas mal des petits groupes de blues des années 50, assez basiques mais tellement chaleureux.