Dimanche 8 octobre 2006. Lendemain de Nuit Blanche. Ma nuit fut en effet blanche, mais pas en raison de ce happening annuel, urbain et culturel. Ma nuit fut aussi assez arrosée, mais pas en raison du temps, particulièrement clément sur Paris en ce samedi soir... Pour faire court, j'étais invité à LA soirée d'anniversaire de Mathilde, la cousine de Sandra, avec laquelle je me suis d'ailleurs rendu sur les lieux, bien que nous ne soyons plus ensemble -- mais ma présence ici prouve que je fais encore un peu partie de la famille... 22h00, nous arrivons, accueillis par un philippinin déguisé en Mickaël Jackson période Jackson Five, si vous voyez ce que cheveu dire, ce qui n’a pas manqué, déjà, de nous interpeller... La fête se tient au sous-sol d'un bâtiment qui a tout l'air d'un Siège de société, puisque le hall d'accueil, décoré de multiples bougies, se termine par un comptoir derrière lequel on peut voir des téléphones, des chaises et quelques logos d'entreprises. Bizarre...
Nous descendons donc au niveau inférieur, déposons nos affaires au vestiaire, et entrons dans le move. Une cinquantaine de personnes est déjà là, sur la centaine prévue. Le concept de la soirée est basé sur le jeu. Nous avons reçu à l'entrée un faux billet de 1000 euros, à échanger contre les jetons qui vont bien, pour jouer à la Roulette, au « Craps de Mathilde » ou au Black Jack. Mais ce sera pour plus tard. Pour l'heure, Sandra et votre serviteur vadrouillons parmi les invités, reconnaissant certains (la famille) et nous ravitaillant à l'open bar. La musique est gentillette, dispensée par iTUNES en roue libre et laptop interposés. Après avoir discuté avec pas mal de monde, il est l'heure de se rendre aux tables de jeu. Nanti de mes jetons, en partenariat avec Sandra et Valérie, une amie, je mise et participe avec enthousiasme. Petite pause. J'en profite pour aller aux toilettes, qui se trouvent à l'étage, et auxquelles on accède via une sorte de dédale de couloirs ; en réalité, et je le découvrirai plus tard, tout l'étage supérieur (en fait le rez-de-chaussée) est constitué de... bureaux vides ! Il y a bien ou il y a bien eu ici une activité professionnelle, les salles de réunion étant quasi prêtes à l'usage, avec leur téléphone et leur plante verte. Je déambule, halluciné, parmi ces couloirs enténébrés qui donnent sur d’innombrables salles ou bureaux dans lesquels il règne un indescriptible désordre ; sont-ils en cours d’emménagement ou de déménagement, je ne saurais dire, toujours est-il que ce capharnaüm donne une certaine touche post-apocalyptique et assez surréaliste à l’endroit… Je ne m’y éternise pas, et redescends dans l’enfer du jeu.
Je mise mes derniers jetons, allant et venant de table en table, de partenaire en partenaire, dilapidant ma fortune aux quatre coins de la salle, un énième verre à la main. Vers minuit trente, il est l’heure de faire les compte, et le mien est bon. L’idée est d’offrir un lot aux 3 meilleurs joueurs, et je ne fais clairement pas partie du lot, avec mes maigres 44 jetons. Les meilleurs en possèdent plus de 200 mais je soupçonne certains de s’être refaits par des moyens détournés dont je ne dirai rien (mais je sais par quels moyens ils se sont procuré la précieuse monnaie d’échange, je suis moi-même tombé sur le stock au gré de mes vadrouilles crapuleuses) ! 00h50 : Mathilde va ouvrir ses cadeaux après la séance photo avec les gagnants du soir, et les tables de jeu laissent place au dance-floor ; la programmation musicale, jusqu’ici en pilotage automatique, est prise en main par des DJs amateurs issus de la piste de danse, et la qualité des morceaux monte clairement d’un cran. Nous nous enflammons à l’unisson au son des Black Eyed Peas et de leur tuerie intitulée Shut Up, que je réécoute chez moi tout en tapant ces lignes sur l’ordi. Dans la salle, les tables se sont recouvertes d’un amoncèlement de verres vides et de cendriers pleins ; la fête bat son plein.
Vers 2 heures du matin je retourne aux toilettes, via le même parcours que précédemment, et en sortant de ces lieux d’aisance, j’entends du bruit dans les couloirs ; je vais voir ce qu’il se trame par là, et j’ai la surprise de tomber sur une bande de joyeux drilles, complètement imbibés, qui tirent sur un joint tout en vidant à tour de rôle une bouteille de Champagne arrivée là on ne sait trop comment… Il y a même sur une table, outre un portable diffusant de la musique, une boîte remplie de fraises tagada… La soirée se révèle riche en surprises, décidemment ! Je me présente, et sur-joue un peu le mec bourré, mais je n’ai pas trop à me forcer… du coup j’ai droit moi aussi à deux ou trois bouffées de THC et à ma dose de Champ’. Nous partons explorer les lieux, et l’un des mecs improvise dans une salle de réunion une présentation complètement barrée, à l’aide d’un paper-board trouvé sur place… Surréaliste, vous dis-je ! Je m’éclipse discrètement, prétextant d’aller chercher une autre bouteille, et je redescends sous terre, pour y trouver une demi-douzaine de personnes me disant que Sandra et son amie m’avaient cherché partout (sans pouvoir me trouver, et pour cause, j'ai du rester un bon moment là-haut), et qu’elles avaient mis les voiles en voiture, si je puis dire. Je vis partir en direct la mère de Mathilde, que je connais bien, rentrant elle aussi en voiture…
Je me retrouve donc seul parmi les survivants à danser comme un fou au son de quelques excellentes chansons groovy. Le bar s’est garni de bouteilles de Champagne et de boissons énergisantes qui vont bien, et dont je fais bon usage. L’heure continue de tourner, un peu comme les têtes, le temps s’écoule et quelques fêtards s’écroulent dans les fauteuils confortables d’un coin de la salle. Presque 5 heures du matin, je crois que je vais partir, pas tant parce que je suis crevé (le Red Bull produit son petit effet) que parce que je ne veux pas me lever à 17 heures « demain » ; mais demain c’est maintenant, déjà. Je remercie Dan, le mari de Mathilde, embrasse cette dernière qui me répète qu’elle fut enchantée de ma présence, merci beaucoup Math’ ! Je récupère mon sac jaune, ma veste de velours marron encore au vestiaire, et remonte une dernière fois les escaliers que je descendis pour la première fois il y a presque 7 heures ! Je récupère dans la cour une petite affichette de la soirée (j’aime garder un souvenir des bons moments, et celui-ci en fut assurément un excellent), et j’ai la chance de trouver un taxi juste à ma sortir du bâtiment. 17 euros plus tard je suis chez moi, j’aurais même eu la chance, lors de notre passage sur les Quais, de voir l’Obélisque magnifiquement éclairé en bleu Klein, attraction phare de la Nuit Blanche, qui le fut également pour moi, mais pas en raison de ce happening annuel, urbain et culturel, qui en était en ce 7 octobre 2006 à sa cinquième édition.