Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dick

  • BLADE Runner, sur le film du rasoir...

    Je viens de revoir Blade Runner. J'avais du le regarder lorsque j'étais plus jeune, à la télévision, en français sans doute, et dans sa version première. En réalité, je viens ce soir de le voir comme si je ne l'avais jamais visionné.  A la fin du film, je suis resté scotché comme rarement je le suis (ou pour d'autres e04d046d5ed9b7ba77a9257a57d03f29.jpgraisons). La fin de Blade Runner est d'une force émotionnelle incroyable, d'une noirceur absolue, d'une profonde désespérance. Le film est une réflexion sur le temps qui passe inéluctablement et sur la mort. Je ne révèlerai pas ici l'issue du film, que je vous recommande chaudement de (re)voir. En VO. Et dans la version Director's Cut, qui est tout de même plus intéressante que la première mouture, typiquement hollywoodienne, avec son happy end de circonstance. D'ailleurs, il faut noter que le film ne rencontra pas un énorme succès à sa sortie en 1982. La version Director's Cut perd sa fin convenue et gagne une scène onirique dans laquelle le Blade Runner (sorte de chasseur de tête futuriste) rêve d'une licorne, scène cruciale s'il en est, et qui prendra tout son sens à la fin du film... Ce n'est donc qu'après coup que Blade Runner est devenu culte. Car oui, il faut le dire, ce film est culte. Pour plusieurs raisons, sans doute.
     
    Il y a dans ce film une noirceur infinie. D'une part à cause des décors, une sorte de Los Angeles apocalyptique et japonisant (hommage au Maître du Haut Château de Philip K. Dick ?), où il pleut sans arrêt, et où les voitures volantes dessinent de belles arabesques dans le ciel d'ébène, sur fond de publicités habillant de leursfd4c2f0b2ea618fba5993e6828f45349.jpg néons les hauts buidings vidés de leurs habitants... Il y a bien évidemment un blues diffus, qui n'a pu que me toucher, dans l'interprétation de Harrison Ford (jeune et désabusé), toute en nuance (et pour cause) et loin de son précédent rôle de Han Solo dans Star Wars - c'est peut-être la raison pour laquelle le public, dérouté, bouda le film à sa sortie... Les scènes d'assassinat des Réplicants sont d'une cruauté et d'un réalisme extrêmes, et il est troublant de se dire qu'en effet, à plus ou moins long terme, il sera peut-être difficile de faire la différence entre un humain véritable et un androïde artificiel - ou un clone...
     
    Car c'est l'autre force de ce film fascinant que de (pro)poser des questions : qu'est-ce qui nous rend humain, qu'est-ce qui nous définit intrinsèquement ? Un robot ayant toutes les apparences (et des capacités corticales extraordinaires) d'un homme, y compris les émotions, est-il encore un robot ?  Vertigineux. Sans doute est-ce pour cela que le Blade Runner est si impitoyable, il ne peut se permettre de se poser ce genre a2abbab5236026b27fc058fcf7464c61.jpgde question. Voire. On retrouve tout le génie de Philip Kindred Dick, prolixe écrivain de science-fiction des années 60-80 aux USA. Il n'avait de cesse (possiblement  d'une part parce que sa soeur jumelle mourut à la naissance et d'autre part parce qu'il a toujours pris moult drogues) de remettre en question la réalité, tel un Platon halluciné ; qu'est-ce qui est réel, qu'est-ce qui est humain ? Voilà le credo schizo de Dick, qui fut exploité avec brio dans une autre adaptation : Total Recall (avec Sharon Stone et Arnold Schwarzenegger), film réalisé par un autre halluciné, Paul Verhoeven.
     
    05a61589847d586550aad9ac57e2688c.jpgEt puis je ne saurais finir sans mentionner l'histoire d'amour entre le Blade Runner et Rachel, une Réplicante séduisante qui se prend pour un être humain. Il faut dire qu'on a poussé le vice jusqu'à lui implanter des souvenirs... Le Blade Runner tombe amoureux et, après avoir terminé sa mission et mis à la retraite les Réplicants renégats, il s'enfuit avec sa belle. Mais il y a un hic, que je ne déflorerai pas. Je vous laisse le plaisir de le découvrir en savourant ce film qui a plus de 25 ans d'âge, qui possède la plus belle bande originale de l'histoire du cinéma (composée par Vangelis, aux inflections parfois orientalisantes), qui offre des décors grandioses et une galerie de portraits étonnante... et qui n'a pas vieilli ! [Elle est bien bonne celle-là ! Comprenne qui pourra...]
     
    Un dernier mot pour signaler la sortie en octobre de l'ultime et définitive version du film en DVD, intitulée Blade Runner - The Final Cut, qui sera en tout point conforme à la vision de son réalisateur, que j'allai faire l'impair de ne pas citer, Ridley Scott - mais est-il vraiment besoin de le préciser ? 
     
    La dernière phrase du film : Too bad she won't live, but then again, who does ?
    Implacable.