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  • Magistral | No Country...

    Vu ce soir, le dimanche 10 février 2008, en compagnie de Vitae et au Gaumont Convention, No Country for Old Men, au titre français (presque) fidèle mais ridicule, chef d'oeuvre absolu de cohérence et de beauté, parfois cruel, souvent tragique, toujours fascinant. Road-movie entre policier et western, à la frontière du Texas et du Mexique, film équilibriste entre ironie, désespoir, philosophie et tuerie. Pourtant, rien de drôle dans ce No Country... désespéré, allégorie d'un monde finissant, traversé par des figures fulgurantes quasi stéréotypées : le vieux shérif détaché, le tueur fou au regard diabolique, le cow-boy texan cbb4062fea22e99013d9dc57dbe70be1.jpgblond... Et du sang partout ; ça gicle, ça saigne, ça coule... on retrouve ce fil rouge hémoglobique tout le long du film, puisque le sang est aussi un moyen de retrouver la trace de ceux qu'on a blessé. Liquide vital qui mène à la mort. Seul le vieux Shérif s'en sort vivant - mais pas tout à fait indemne, et termine le film en ratiocinant, délivrant à sa femme le récit de ses rêves dans lesquels la figure du Père a un rôle prégnant. Freud, c'est sûr, devait avoir des origines texanes !

    Il est à noter que la bande son est très subtile, les moindres petits bruits ont leur importance, et aucune musique ne vient perturber le travail d'horloger des frères COEN, qui reviennent en grande forme, tant sur le fond (ironie et métaphysique) que sur la forme (sublimes images de l'ouest américain, plans léchés et très signés) ; No Country for Old Men (Cette Terre n'est plus faite pour les Anciens) évoque un monde perdu, ou en voie de l'être, une aridité des comportements, une violence des actes, un manque d'égard pour autrui, et, dirais-je aussi, une perte des repères (re-Père, sans jeu de mots) et un assèchement de l'intelligence, bien que le tueur fou ne soit pas trop en reste dans ce domaine, il ne lui manque que l'humanité !

    J'adore ce genre de film, qui reste présent à l'esprit bien après avoir quitté la salle, et de ce point de vue, je rattacherais ce No Country... à des oeuvres telles que Lost in Translation, Broken Flowers ou de l'excellentissime The 3 Burials of Melquiades Estrada - de et avec Tommy Lee Jones, qui se Clint-Eastwoodise pour notre plus grand plaisir...

    Bref, un vrai régal ! On ne voit pas les 2 heures passer, le film s'étire lentement, déroule son histoire comme sur une filiforme route américaine, image d'Épinal écornée par un constat d'amertume et d'impuissance...