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Chrysalis : attention OVNI !

Je reviens juste du Gaumont Parnasse, où j'ai assisté, en compagnie de Curriculum et Vitae, à la projection de Chrysalis. Lorsque le générique de fin est apparu, je suis resté prostré sur mon siège, la tête encore emplie d'images rémanentes, les circonvolutions de mes méninges encore pleines de visions subliminales, l'esprit encore captif de ce film-OVNI, qu'il faut voir absolument, ne serait-ce que pour s'en faire une opinion, puisqu'il agite actuellement les conversations des dîners mondains. Évidemment, Dupontel est excellent, mais cela n'est pas vraiment une surprise, il se bonifie même avec le temps, il va finir par trouver LE rôle qui va l'établir une bonne fois pour toute dans l'Olympe des très grands comédiens. J'ai personnellement beaucoup aimé sa partenaire, Marie Guillard, assez craquante, mélange de force et de séduction subtile.
 
Avec Chrysalis, on en prend plein les mirettes !
 
Ce qui est véritablement bluffant, dans ce film, ce n'est pas tant la qualité du scénario, relativement bien ficelé ceci dit, mais bel et 5a3e134eac8188ebd455439b0fdbf479.jpgbien le rendu graphique de l'histoire, qui est censée se dérouler dans un futur plus ou moins éloigné, dans un Paris transfiguré. En tous les cas, au vu des deux magnifiques tours que l'on aperçoit lors d'un plan aérien, on sait que Delanoë n'est vraisemblablement plus Maire... On bave devant les 3 prototypes que Renault a prêté pour le film : une Talisman, une VelSatis et une Koléos, toutes trois aisément reconnaissables pour qui a un peu traîné au TechnoCentre du constructeur au Losange... L'aspect futuriste du film est bien travaillé, on salive devant les gadgets technologiques qui existent déjà mais dont le film use et abuse afin de nous projeter quelques années dans l'avenir. Et l'avenir n'est pas rose. Il serait plutôt bleu. Le film est tout entier nimbé d'un bleu froid, presque dé-réalistique, qui répond parfaitement à l'absence d'émotion. Près de 185 plans ont été truqués. Cet OVNI est un film qui court-circuite le cerveau limbique (cerveau émotionnel) pour cibler directement notre cortex, dont on sait qu'il n'éprouve aucune émotion. Le cortex, c'est un peu comme l'ordinateur qui décortique, qui analyse, qui utilise pour fabriquer des pensées élaborées le plus fantastique outil jamais inventé par l'homme : le langage. Et dans Chrysalis, peu de place aux sentiments, les acteurs sont aussi froids que les nombreux cadavres roides disséminés ça et là, les regards sont glaçants et hagards et l'amour est moins éperdu que perdu. Il faut bien chercher l'humanité, mais elle se loge paradoxalement davantage chez les personnages dont la mémoire a été effacée. À la fin, Dupontel dit qu'il préfère être ce qu'il est devenu, un individu sans mémoire, plutôt que ce flic dur et monolithique qu'il se soupçonne d'avoir été... 
 
Avec Chrysalis, ça castagne sec !
 
Autre point fort du film, les scènes de baston, qui sont à la fois hyper chorégraphées, mais en même temps trop retravaillées à la palette graphique pour que l'on souffre avec les personnages. En revanche, lors de la scène d'ouverture du film, toute la salle sursaute lorsqu'une voiture vient emboutir le véhicule dans lequel se trouvent deux personnages clés de l'histoire. Quelques scènes choc comme celle-ci émaillent le film, assez violent par ailleurs, mais encore une fois, le côté propre, net, ultra travaillé des images, fait que le spectateur peut se sentir presque observateur de sa propre expérience cinématographique. Tout est calibré, formaté, pensé, et mis en scène avec la précision chirurgicale d'un scalpel, il n'est d'ailleurs guère étonnant qu'une partie de l'histoire se déroule dans une clinique. Le film, que j'ai choisi d'illustrer avec deux posters très symboliques, alterne les scènes glauques, sombres et délétères avec des scènes proprettes, lumineuses et à la blancheur médicale immaculée. Le réa alterne également les scènes caméra à l'épaule (scènes réalistes du noir polar) avec les longs travellings (scènes blanches à la clinique). Noir et blanc, ce n'est pas la première fois qu'on nous fait ce coup-là, mais ça marche toujours... Dupontel s'est entraîné à fond afin de ne jamais être doublé lors des scènes de bagarre. La toute première scène, une fusillade hyper réaliste, est un étalon du genre.
 
L'histoire ? Je ne m'en rappelle plus très bien !
 
Toute l'histoire est fondée sur une machine qui trifouille la mémoire des protagonistes, tant et si bien que Dupontel, à un moment donné dit : Tu sais le pire de tout ça, c'est que je ne me7349e64bbaf776144e5901e7324a44bf.jpg rappelle plus de la femme que j'ai aimé ; oui, dans ce futur pas si lointain, on efface la mémoire comme on démagnétiserait une vulgaire cassette VHS, et, comble du vice, on ré-implante des souvenirs virtuels. De ce côté-là, Chrysalis lorgne vers Total Recall, chef d'oeuvre du genre. Pour l'aspect futuriste, je citerais plutôt Minority Report ou I, Robot, deux modèles de films de science-fiction. Les effets spéciaux de la scène où Marthe Keller effectue une opération chirurgicale à distance rappellent en effet ceux de la scène de Minority Report au cours de laquelle Tom Cruise manipule un ordinateur virtuel... Du coup, comme l'histoire se passe dans une clinique de chirurgie esthétique, je vous laisse imaginer les combinaisons possibles ! Tel personnage non seulement change de visage, mais aussi de souvenirs ! Vertigineux. Le seul reproche que l'on puisse faire à Chrysalis, qui m'a vraiment beaucoup intéressé par ailleurs, c'est peut-être de ne pas avoir poussé assez loin l'aspect philosophique du ressort dramatique ; de peut-être ne pas avoir davantage serré les boulons du scénario, mais ces détails sont dérisoires en comparaison de l'expérience visuelle que l'on se prend dans la tronche. 
 
Acteurs excellents dans le minimalisme formel qui sert à merveille le scénario, histoire suffisamment emberlificotée pour que le spectateur, une fois sorti de la salle, se pose encore quelques questions, atmosphère futuriste hyper réaliste, et surtout une esthétique bluffante, rarement aussi cohérente que dans ce film.  Et puis, Julien Leclercq (dont on risque d'entendre beaucoup parler à l'avenir) signe là un premier long métrage absolument ambitieux, maîtrisé de bout en bout, rendons-lui cet hommage. Bref, allez voir Chrysalis, et oubliez toutes les mauvaises critiques qui ne rendent pas grâce à ce projet.
 
Chrysalis n'est pas un film que l'on aime, mais un film que l'on approuve ; Chrysalis, testé et approuvé par mon cortex !

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