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Le CANDIDAT : pas si candide...

medium_candidat-1.jpgJe rentre à l'instant de la projection du film LE CANDIDAT, avec d'excellents acteurs, au premier rang desquels Yvan ATTAL, impressionnant d'intériorité et de fragilité. Une brebis égarée au beau milieu des loups de la politique. Le film résonne. Non pas par ce qu'il montre, mais plutôt par ce qu'il suggère. Les zones d'ombre. Les doutes. Les incertitudes d'un homme censé n'en point avoir. Yvan ATTAL est fabuleux, en tant qu'il suggère les tourments de l'âme, les états d'âme d'un homme supposé incarner la force d'un roc, la stabilité d'une montagne inébranlable ; il dévoile plutôt les turpitudes d'un esprit lucide, qui refuse de se laisser aveugler par moult conseillers, dont certains sont sûrs de maîtriser une partie qui leur échappera au bout du compte. Le chêne et le roseau. La Fontaine vantait les qualités du second, Niels Arestrup en fait autant, qui brosse le portrait touchant d'un être humain placé dans une situation qui le dépasse, mais qui finalement se recentre sur ce qu'il croit être juste, en dépit des apparences médiatiques et attendues. Ce candidat pas si candide décide simplement de donner un bon coup de pied dans la fourmilière, de secouer l'arbre duquel il est issu, d'une certaine façon. Il place sa morale personnelle et son goût de la vérité au-dessus des considérations bassement politiques, quitte à se brûler les ailes. La fin du film suggère que son destin s'est peut-être scellé lors du débat-vérité duquel il sort vainqueur, par le truchement d'une sorte de bluff gigantesque, contrôlé de A à Z, à la barbe de celui qui pensait déjà avoir partie gagnée.

medium_candidat-2.jpgCar il est beaucoup question de jeu dans ce film. Jeu de pouvoirs, certes. Mais aussi du jeu d'échec. Au début du film, une voix-off raconte que les bons joueurs d'échec peuvent prévoir 2 coups à l'avance, que les maîtres peuvent prévoir 5 coups, mais que les champions du monde savent déjà, avant même de commencer à déplacer leur première pièce, comment la partie se finira. Yvan ATTAL, dans son rôle de faux candide, de faux mou, de faux indécis, incarne un champion du monde, au destin fragile. Le terme français Echec et Mat, et plus encore le terme anglais CheckMate, ne viennent-ils pas de l'arabe Cheickh Met qui signifie Le Roi est Mort ? Le film n'est pas tendre, in fine, avec le petit landernau de la politique. Pouvoir, sexe, luxe, ruses, faux-semblants et faux-fuyants. Surtout ne pas s'écarter du chemin tout tracé par les doctes spin doctors, véritables têtes chercheuses et pensantes d'un futur président par procuration. Mais l'on sait comment les rebelles finissent : suicidés au bord d'un fleuve, accidentés de la route, l'histoire officielle est inamovible et répétitive. Ce destin funeste que l'on subodore pour ce candidat trop attaché à la vérité, ce fut celui d'un Pierre Bérégovoy, suicidé au bord de la Loire qu'il aimait tant. Les sorties de route, en politiques, sont rarement bénignes... C'est pour cela que le film me laisse une impression un tantinet nauséeuse. Pour cela que c'est un grand film, sans doute pas un succès du box-office, oh non, mais ceci n'étonnera personne... "Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté", chantait en son temps Guy Béart. Vous avez dit Real Politik ?

Ce que je retiens surtout de ce film ? La profonde intelligence du scénario, la sensibilité de ATTAL, assez magistral dans ce rôle complexe, la cruauté lucide du réalisateur ; le luxe des détails et les détails de luxe. Le fait que le film parle à l'intellect autant qu'au coeur, même si, personnellement, je l'ai plutôt perçu avec mon intellect... Et puis les acteurs, tous plus vrais que nature !

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