En ce mercredi 26 juillet 2006, après une journée caniculaire éprouvante et assommante au boulot, je quitte le Siège de ma société vers 16h00 et je dois, avant que de rentrer dans mes pénates, récupérer des affaires au Pressing de la rue de Lourmel. A mon arrivée là-bas, ô surprise, je suis accueilli par une tenancière débordée, désespérée et dégoulinante de sueur : elle m'apprend que le quartier subit depuis 12h30 une panne de courant générale qui, notamment, bloque tous les appareils professionnels du Pressing (ainsi que la clim) et va donc obliger la responsable à fermer avant l'heure dite ; j'ai la chance d'arriver in extremis juste avant que le rideau ne se baisse...
Je prends conscience graduellement de l'ampleur de la catastrophe : plus d'électricité égale plus de caisses dans les boutiques, plus de réfrigérateurs dans les commerces de bouche, plus de congélateurs dans les petites surfaces du coin... Et la liste s'allonge dans ma tête... Je me rends compte subitement, ce qui ne laisse pas, très égoïstement, de m'inquiéter, que mon congélateur est en train de subir le même sort, et la nourriture qui y est entreposée risque fort de ne pas survivre au black-out si celui-ci venait à se prolonger. Je quitte le Pressing où la chaleur est insupportable, et je me dirige vers la rue Fondary ; au passage, je vois les boutiques fermées, les gérants impuissants devant cette panne rarissime. Avant de rentrer à la maison, où je ne pourrai pas faire grand-chose de toute manière, je passe au bistro du coin histoire de consommer une bière tiède (hé oui, faute de courant, les fûts se réchauffent : c'est l'Apocalypse je vous dis !) et histoire d'en apprendre un peu plus sur cette ténébreuse affaire (hé, hé !) ; dans le bistro, l'ambiance est à la déprime sévère : aucun client, le staff se tourne les pouces, il fait de plus en plus sombre, et les nouvelles ne sont pas bonnes. Au mieux, le courant reviendra vers 20h00, au pire demain matin ! Du jamais vu, de mémoire de parisien...
Je me décide quand même à rentrer chez moi au lieu de me laisser tenter par le suicide collectif et je trouve la porte de mon immeuble grande ouverte. Je saisis immédiatement l'utilité de cela : sans courant, point de digicode, et si la porte venait à se fermer, l'on ne pourrait plus entrer ! Nous sommes décidemment peu de choses... En rentrant chez moi, tel Saint-Thomas, je constatai de visu que nul appareil électrique ne fonctionnait, comme de bien entendu, et donc, devant la perspective d'une soirée oisive à la maison, je décidai d'accepter l'invitation de Sandra de venir dîner chez elle ; bien qu'elle habitât à 10 minutes d'ici, la coupure de courant l'aurait épargnée.
Au cours de la soirée chez Sandra, il se mit soudain à pleuvoir des trombes d'eau, et un véritable ouragan s'abattit sur la rue de Javel (ah, les fameuses eaux de Javel...) ; cela commença par des bourrasques dantesques, qui provoquèrent des courants d'air monstrueux, les unes et les autres causant in fine quelques bris de verre impressionnants. En effet, en raison de la canicule, l'orage fut particulièrement violent, et les fenêtres ouvertes ne résistèrent pas aux appels d'air. Nous entendîmes des fenêtres claquer et des morceaux de verre dégringoler des étages supérieurs, dans le bruit et la fureur des coups de tonnerre... Scène digne de Titanic ou de Poséidon, et avec au moins autant d'eau ! A la fin de la soirée Sandra me prêta un parapluie sans lequel j'aurais été proprement trempé jusqu'aux os, et je rentrai à pied chez moi vers minuit... pour me trouver devant la porte cochère FERMEE !! Arrrgh ! Je subodorai qu'une certaine habitante de l'immeuble de ma connaissance, une vieille chipie maniaque qui imagine que l'immeuble lui appartient, avait fermé la porte exprès - sans doute sans réfléchir à la conséquence de ses actes. La conséquence c'est que j'étais à la porte, et à minuit passé, en plus ! Qu'à cela ne tienne, je tambourinai vivement sur le bois, et au bout de 2 minutes mon charmant voisin du rez-de-chaussée vint m'ouvrir. Merci à lui ! Une fois gravis précautioneusement et dans le noir le plus complet mes 5 étages, j'allumai 2 bougies, me fumai une cigarette bienvenue après toutes ces émotions fortes, et allai me coucher dans le noir, m'endormant du sommeil du juste !
EPILOGUE : Vers 5 heures 30 du matin, le courant est enfin revenu. Le contenu de mon congélateur avait rendu l'âme dans l’intervalle ce qui n'a pas manqué de me refroidir. Pour couronner le tout, l'un de mes radio-réveil n'a rien trouvé de mieux à faire que de se déclencher avec le volume sonore poussé of course au maximum ; France-Info à tue-tête et en pleine nuit, non merci ! Bref, je vous le dis : les lendemains d'apocalypse ne sont pas toujours faciles !