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De tout et de rien - Page 55

  • Working on the PHONE in Évreux...

    Bon, en ce mercredi 03 octobre 2007 - comme le temps passe vite ! - je me suis éclipsé dès potron-jacquet pour la bonne ville d'Évreux, en Normandie, ville dans laquelle je me suis déjà rendu quelques fois. Aujourd'hui, ma mission consistait à prester deux formations d'une durée de 4 heures chacune - autrement dit, une durée épuisante - sur le sujet de l'anglais téléphonique. Pour ce faire, je me suis réveillé et levé à 5 heures du matin, et ne suis rentré chez moi qu'à 20 heures 30, au terme d'une journée marathon assez éprouvante en effet. Ceci dit, j'aime avoir le sentiment de partir en mission commando, loin de Paris, tous frais payés, avec un ineffable et réjouissant sentiment de liberté. Train à 6 heures 48 à Austerlitz, sieste à bord, attente du taxi, rencontre inopinée avec la Responsable Formation sur site tandis que je fume ma dernière cigarette avant de rentrer dans l'arène, prise de contact avec le groupe du matin, pause-déjeûner d'une heure, se détendre les jambes, ingurgiter un vague sandwich, re-prise de contact avec le groupe de l'après-midi, répéter les mêmes choses en donnant l'impression d'improviser, ranger mes affaires, commander un taxi, attendre dehors en fumant extatiquement une clope, monter dans le taxi et manquer m'y endormir, prendre le train et faire une sieste récupératrice, Métro ligne 10, iPOD à fond, chercher du regard celui de la belle inconnue assise en face de moi, arriver à la maison et se préparer un petit repas tout en finissant de regarder Le Roi Lear de Shakespeare préalablement enregistré sur DVD, déguster un petit Bordeaux, rédiger avec une satisfaction non feinte cette note, aller se coucher.
     
    Donc, oui, journée éprouvante, mais en même temps stimulante, tant il est vrai que j'adore enseigner à des groupes, que je me gorge de l'énergie collective, et que j'apprécie à leur juste valeur les commentaires positifs laissés à la fin des séances, sur les questionnaires idoines, par les apprenants réjouis. Je connais ma valeur, je sais les trucs qui fonctionnent à tous les coups, je gère le groupe de main de maître, j'exhulte à apprendre aux béotiens des astuces imparables, des trucs simples mais dont nul ne leur avait parlé auparavant... Je me gargarise de leurs regards émerveillés, de leur stupéfaction non feinte, de leur étonnement authentique. C'est que j'ai plus d'un tour dans mon sac, plus d'une corde à mon arc, des astuces à revendre et de l'énergie à refourguer. Quand j'enseigne à un groupe, je me transforme en acteur, je ne suis plus moi-même ; épuisant mais jouissif. Alors, évidemment, je peux sans honte ni vanité exposer ici la liste de mes qualités, elles ne sont pas miennes, mais appartiennent à un Avatar, un double doté d'une prestance que je n'ai pas, d'une aisance relationnelle qui ne se développe jamais tant que dans les contacts professionnels superficiels, que dans les relations pédagogiques éphémères au sein d'un groupe d'apprenants que je ne reverrai sans doute jamais. Shakespeare ne disait-il pas : "La vie est un théâtre, et nous en sommes les comédiens" ? Je le pense. Je pense surtout que le formateur est un tout petit peu plus acteur que ses élèves. Dans le domaine professionnel, j'ai le statut et l'expérience pour gérer toutes sortes de situations rocambolesques ou épineuses ; il est dommage que je manque de confiance en moi (image de soi négative, même si j'ai fait d'imenses progrès en ce domaine, surtout dans ces dernières années et ces derniers mois) pour en imposer autant dans ma vie propre, pour donner une image fidèle de ce que je suis. Quitter le superficiel confortable, faire montre de mon intelligence, étaler mes talents, dire mes émotions. Il reste du boulot, mais j'ai le GPS, je connais la direction à prendre. Juste encore quelques heures de route.