Oui, le portable est entré dans nos vies, pour le meilleur comme pour le pire. Qui n’a jamais été victime de son portable ? C’est un multiplicateur d’actes manqués. Comme quand il se déclenche à votre insu, devenant une sorte de micro ouvert dans une poche, avec des conséquences plus ou moins heureuses. Ou quand ce texto très chaud (ou très langue de p…) rate sa cible.
L’observation des gestes est l’un des points forts de ces sociologues, rattachées au Gripic, groupe de recherche du Celsa. Une demi-surprise car en 2005, elles avaient déjà su détecter les nouvelles « chorégraphies de rue » déclenchées par le portable : au lieu de marcher normalement, les gens au téléphone ralentissent par moments, tournicotent sur eux-mêmes, pointent le pied avec plus ou moins de grâce. Les chercheuses notent cette fois le rôle primordial du pouce dans la gestuelle contemporaine, doigt dont un usager ne pourrait absolument plus se passer, ainsi que les multiples caresses réservées au portable au cours d’une journée (en réunion, au restaurant…). Rassurant, on le trimballe partout.
Au passage, les chercheuses constatent une distribution des rôles entre usagers. Il y a le « banquier téléphonique », toujours du forfait en rab, qui en fait profiter les autres. Les « raccrochables » qu’on peut appeler pour quelques secondes sans qu’ils se vexent, supportant très bien qu’on leur dise « je te rappelle, je te rappelle » (d’ailleurs, ils font pareil). A l’inverse, les « irraccrochables » ne savent pas faire court. Dès que leur numéro s’affiche, on les filtre. Et quand on n’a pas d’autres choix que de les appeler, on cherche toutes les occasions pour abréger l’appel (tunnel, batterie faible, etc.)
A chacun sa façon de faire avec son portable, croit-on. En fait, aucune n’est unique.